Résumé:
- Afin d’adresser de manière efficace l’instabilité en République Démocratique du Congo (RDC) ainsi que l’augmentation des tensions politiques dans la région élargie des Grands Lacs, un processus politique fort, ancré au niveau régional, est nécessaire pour agir contre la violence, l’instabilité et l’entreprise d’exploitation illégale de ressources dans la région.
- Le changement de dirigeant en RDC, et le prétendu engagement du président Félix Tshisekedi de remédier à l’instabilité chronique et à la violence dans la partie est de la RDC offre une opportunité pour redynamiser les relations régionales d’une manière positive.
- Les acteurs internationaux cherchant à produire un résultat positif à partir de l’élection controversée de 2018 en RDC auraient non seulement intérêt à soutenir les efforts nationaux de Tshisekedi, mais aussi à élargir leur soutien afin de générer un changement fondamental au niveau de l’approche régionale – un processus qui consolidera Tshisekedi en tant que président de la RDC et mènera à des résultats de paix et de sécurité positifs pour l’ensemble de la région des Grands Lacs.
- L’analyse partielle des éléments moteurs du conflit à travers les pays clés de la région des Grands Lacs n’a pas tenu compte du fait que les politiques et actions des gouvernements non-démocratiques dans d’autres pays de la région constituent des parties intégrantes de ce système de conflit. Une focalisation étroite sur la stabilité des régimes en place, plutôt que sur le développement d’institutions démocratiques pérennes et d’environnements politiques ouverts a dominé l’approche pour l’Ouganda et le Rwanda en particulier, ayant tous les deux émergé de leur propre période de guerre entre le début et le milieu des années 1990.
- Un dialogue politique ouvert, transparent et rigoureux à l’échelon régional peut seulement aboutir à un changement réel si la communauté internationale modifie son comportement. L’argument que les violations des droits de l’Homme et les libertés démocratiques par certains gouvernements doivent être tolérées, au nom de la stabilité régionale, sont faibles et usés.
- En parallèle des groupes armés, il y a un réseau de civils et d’acteurs militaires en provenance de la RDC, du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi qui prennent part à ces actions et qui en bénéficient de manière substantielle. Il existe maintenant une mafia régionale d’acteurs armés, de politiciens, d’hommes d’affaires, de dirigeants militaires qui coopèrent dans différentes filières et prospèrent financièrement de l’énorme marché illégal de minéraux et autres biens. Ces intérêts dépassent l’ethnicité et la nationalité, ayant pour motivation principale l’accumulation des profits.
- Il est essentiel qu’un dialogue politique traite aussi de la question de l’exploitation illégale des ressources naturelles, un facteur central des dynamiques de conflit dans la région des Grands Lacs.