Cet article examine l’ampleur des changements de cette politique sous l’administration du nouveau président. On y étudie les tendances significatives de la politique étrangère du Sénégal, le rôle qu’ont tenu les institutions nationales, ainsi que le climat politique international et national.
La question majeure est de savoir dans quelle mesure le ministère des Affaires étrangères et la diplomatie dite « classique » ont été écartés de la mise en place et de la formulation de la politique étrangère, au bénéfice d’éléments spécialistes du gouvernement et d’organisations non étatiques dont l’engagement a ainsi été renforcé. Ceci est survenu essentiellement suite à une mise en avant plus appuyée des questions économiques, entrainant également un certain réalignement des relations internationales du Sénégal, loin des partenaires traditionnels au profit de puissances économiques émergentes. On a également observé un regain d’intérêt pour le mode de pensée panafricaniste avec un accent concomitant sur les questions africaines continentales, régionales et subrégionales.
Cet article examine les effets d’une personnalisation accrue de la fonction des affaires étrangères, en particulier les niveaux bien plus élevés d’intervention de la part de l’exécutif au détriment des organes législatif et judiciaire. De telles interventions ont beau ne pas être déplacées au regard des dispositions constitutionnelles et autres dispositions statutaires, ces dernières n’en demeurent pas moins l’expression d’un manque d’intérêt soutenu à l’égard de la politique étrangère de la part des législateurs, mais également une dérive fondamentale des paramètres de contrôle de la politique étrangère, dans un but de plus grande efficacité en matière de transactions internationales. L’article tire cependant la conclusion que, à l’instar de beaucoup d’autres pays, la politique étrangère du Sénégal révèle un degré de continuité institutionnelle tendant à transcender les intérêts et les dynamiques politiques provisoires, intérieurs et extérieurs. Pour terminer, en 2012, l’élection du nouveau président a, dans une certaine mesure, marqué le retour d’une position plus établie et plus ‘classique’ de la politique étrangère.
Also available in English: The Foreign Policy of Senegal Since 2000